Il s’appelle Arnaud Guirao, et il est à la tête de l’agence Moon Safari. De l’anecdote derrière le nom de son agence à sa vision de l’architecture dans un monde post-COVID, il répond à toutes nos questions !
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Bonjour Arnaud !
Arnaud: Bonjour OOTI !
Avant d’entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?
Arnaud: Je suis co-fondateur de l’agence Moon Safari, créée en 2002. A l’origine implantés à Bordeaux et Biarritz, nous sommes désormais une cinquantaine de collaborateurs répartis sur 4 sites : Bordeaux, Biarritz, Lyon et Paris.
Pourquoi Moon Safari ?
Arnaud: Au commencement, parce qu’il y en a toujours un, l’agence s’appelait « Air ». Les amoureux de musique électronique y trouveront une référence au groupe éponyme, et ils auront raison !

Bureaux de Moon Safari à Bordeaux
Vous avez appelé l’agence « Air » en hommage au groupe français emblématique de la French Touch ?
Arnaud: Exactement ! A nos débuts, les albums de ce groupe accompagnaient nos soirées de travail, lorsqu’il fallait boucler en urgence nos projets.
Les fameuses charrettes, chères aux architectes … Pourquoi avoir changer ?
Arnaud: Avec l’arrivée de nouveaux associés, il fallait créer une nouvelle page de l’histoire. Cette nouvelle page, nous ne sommes pas allés la chercher bien loin …
Le nom d’un morceau du groupe « Air », j’imagine …
Arnaud: Presque ! Moon Safari est le nom du premier album d’« Air ». La boucle était bouclée !
Passage obligé par les temps qui courent : comment s’est passé votre confinement ?
Arnaud: J’ai une légère tendance à l’hyperactivité. Ce qui est loin d’être une qualité en période de confinement ! – Rires –
Pour autant, hyperactif ou non, pas le choix que de se cantonner aux directives gouvernementales. Nous avons donc organisé à la hâte le travail à distance afin que l’ensemble des collaborateurs puissent être opérationnels depuis leur domicile.
Nos collaborateurs cloitrés chez eux et les locaux vides, j’ai saisi l’occasion de me rendre quotidiennement au bureau. D’une part car une présence sur place était indispensable au maintien de l’activité, d’autre part il a fallu dédier beaucoup de temps au volet Ressources Humaines. Lorsque vous avez 50 collaborateurs, si vous passez 10 minutes avec chacun, voilà votre journée de 8 heures de travail déjà bien remplie sans avoir même commencé à gérer les projets de l’agence !

Bureaux de Moon Safari à Bordeaux
Et le télétravail en agence, après plusieurs mois, plutôt oui ou plutôt non ?
Arnaud: Il s’agissait à vrai dire davantage de travail à la maison que de télétravail.
Quelle est la nuance ?
Arnaud: Elle est subtile j’en conviens ! J’ai tendance à penser que le télétravail implique une participation de l’entreprise aux frais inhérents au travail à domicile ou encore un emplacement dédié dans le logement. Dans le contexte COVID, il a fallu agir vite. Démontage des tours d’ordinateurs et déménagement express ont permis de tenir les délais.
Techniquement, il s’agissait donc davantage de travail à la maison que de télétravail. Mais tout cela n’est qu’une question de nuances.
Télétravail ou travail à la maison, a-t-il vocation à s’installer plus durablement dans les habitudes de travail Moon Safari ?
Arnaud: Ne nous le cachons pas, pour une agence d’architecture, le travail à distance présente bien des écueils. Je n’apprendrai rien à personne en disant que les chantiers restent des chantiers, et que la plus grosse part de notre activité se déroule là où l’on construit. En ce sens, le présentiel reste un prérequis fondamental.
Pour autant, le métier d’architecte ne s’exerce pas que sur les chantiers. Mais là encore, des limites inhérentes à la profession font obstacles : travail de groupe sur des calques ou des esquisses, volume des fichiers 3D qui rend difficile le partage …
Reste toutefois des missions de l’architecte qui peuvent très bien être gérées à distance.
« Ne nous le cachons pas, pour une agence d’architecture, le travail à distance présente bien des écueils. »
Donc le travail à distance, oui mais avec parcimonie …
Arnaud: L’héritage COVID invite à s’affranchir des déplacements inutiles pour des réunions qui peuvent se tenir à distance.

Vous abordez l’héritage COVID, parlons-en. Pensez-vous qu’il va modifier votre travail d’architecte ?
Arnaud: Très honnêtement, non je ne le crois pas. Il faudra toujours que l’on se réunisse, que l’on travail en groupe. Le projet restera toujours le projet avec son approche pluridisciplinaire.
Je ne crois pas qu’il faille attendre de révolution de ce côté-là.
Et dans la manière de concevoir ?
Arnaud: A ce niveau-là, oui les cartes vont être rebattues et nous le voyons déjà. Certains types de bâtiments, notamment ceux ayant vocation à recevoir du public, vont devoir être appréhendés différemment.
J’en veux pour preuve qu’aujourd’hui tous les projets de ce type sont à l’arrêt.
La pompe n’est toujours pas réamorcée ?
Arnaud: Plusieurs raisons expliquent cette reprise délicate, mais l’une des premières est le besoin de repenser entièrement les programmes. L’architecture est une matière vivante, en perpétuelle évolution et il est indispensable de tirer les conclusions de ce que nous venons de vivre pour penser des bâtiments davantage résilients aux crises sanitaires.
« L’architecture est une matière vivante, en perpétuelle évolution et il est indispensable de tirer les conclusions de ce que nous venons de vivre …«
A l’heure où le digital a été d’un indéniable recours, j’imagine que les solutions dématérialisées ont été d’une grande aide ?
Arnaud: Derrière solutions dématérialisées, vous entendez « OOTI » ?
Entre autres … - Rires -
Arnaud: Il est évident que ça nous a été d’une grande aide ! J’évoquais tout à l’heure la complexité de partage de dossiers volumineux, c’est une problématique qui n’existe pas avec OOTI. En utilisant l’interface d’une page web, le tableau de bord complet de l’agence est consultable de partout, très facilement.
Au-delà, c’est intéressant à bien d’autres égards et notamment sur la gestion des projets, des plans de charges et des fins de contrats. Si cette solution que nous avons implémentée nous a changé la vie, car nous gérions à l’époque l’agence à grand renfort de fichiers Excel, elle a pris davantage de sens encore durant le confinement : j’ai, en 3 clics, la visibilité sur la répartition du plan de charge de l’agence. Lorsque vous ne voyez aucun de vos collaborateurs, c’est une aide précieuse !
Et en ce moment, sur quoi travaillez-vous ?
Arnaud: Sur une cinquantaine de projets en cours ! Enseignement, industrie, défense, aquatique … Le spectre est très large et le territoire couvert également, de Brest à Biarritz, de Toulouse à Strasbourg, en passant par le Larzac …
Construction d’un îlot mixte comprenant bureaux, hôtel, RHVS et commerces quai des Caps à Bordeaux par Moon Safari. Livraison 2020.
Lorsque vous évoquez un avenir dans lequel les réunions se tiendront davantage en visio, on comprend l’enjeu pour une agence comme la vôtre …
Arnaud: Ne m’en parlez pas, je passe ma vie dans les aéroports !
Vous rappelez vous de votre premier projet ?
Arnaud: Très bien ! C’était une maison au Pays Basque.
Et si on ne devait en garder qu’un seul ?
Arnaud: C’est de loin votre question la plus compliquée ! Je ne vais pas garder celui qui me parait être le plus esthétique, mais celui qui restera comme la plus belle aventure humaine ! Il y en a eu plusieurs, mais dans le lot, je dirai le projet de réalisation de l’aquarium de Biarritz, avec un cahier des charges très techniques, rendant le projet forcément, très intéressant.