Sur fond de confinement, la 38ème cérémonie de l’Équerre d’argent se tenait le lundi 23 Novembre dans un format inédit, 100% digitalisé. L’occasion pour le jury de dévoiler le nom du successeur de Charles-Henri Tachon dans ce qui reste comme le prix d’architecture le plus populaire.
Longtemps, la question du maintien de l’édition 2020 fut sur la table. Difficile en effet d’imaginer pouvoir tenir la traditionnelle cérémonie en présence du parterre habituel d’architectes.
Pourtant, face au nombre record de participations, plus de 250, l’organisation du prix géré par Le Moniteur du BTP et de la Construction et le magazine AMC décide de relever le défi : « comment ignorer les nombreux dossiers reçus ? » questionne en ouverture de la cérémonie digitalisée Fabien Renou, rédacteur en chef du site d’informations en ligne lemoniteur.fr.
Le pari est alors le suivant : faire vivre en digital ce grand raout de la profession qui propose chaque année un plateau exceptionnel d’intervenants et d’invités de prestige. Pour rappel, l’édition 2019, organisée à l’Institut du Monde Arabe, avait été l’occasion d’entendre Paul Chemetov ou encore Jack Lang.
Le rendez-vous est alors pris : la cérémonie du 38ème Prix de l’Équerre d’argent est fixée au 23 Novembre 2020 dans une formule inédite.
© Equerre d’argent 2020, le palmarès complet
Une 38ème Équerre d’argent qui célèbre le patrimoine bâti de la ville rose
Si le prix organisé par les rédactions du Moniteur et d’AMC distingue chaque année 5 lauréats dans 5 catégories différentes, c’est bien celui de l’Équerre d’argent qui concentre la plus grande attention. Le décrocher c’est rejoindre un palmarès de noms illustres comme Jean Nouvel, Christian de Portzamparc, Valode & Pistre, Zaha Hadid ou encore Herzog & de Meuron.
Alors que celui-ci est depuis longtemps très majoritairement occupé par des architectes masculins (une petite dizaine de lauréates sur plus de 60 architectes récompensés), il s’enrichie de la présence, non pas d’une, mais de deux femmes : Yvonne Farrell et Shelly McNamara.

Université Toulouse 1 Capitole, Architecte : Grafton Architects/ Vigneu & Zilio Architectes – © Frédérique Félix-Faure
Les deux fondatrices de l’agence irlandaise Grafton Architects, et le cabinet toulousain Vigneu Zilio, qui ont signés la Toulouse School of Economics à Toulouse ont été salués par le jury pour « une réalisation qui campe un climat intérieur et apporte du souffle, qui incarne une virtuosité spatiale jamais gratuite. Une « grotte céleste », un « cloître en plein ciel », dans lequel l’air circule. Le bâtiment s’insère avec une grande intelligence sur ce site complexe. Tout en s’affirmant, il sait faire preuve d’une grande sensibilité à la situation locale. »
Pour Grafton Architects, cette nouvelle distinction vient s’ajouter à une année 2020 déjà auréolée de succès : le 3 mars dernier, c’est le jury du Prix Pritzker, souvent considéré comme le Nobel d’architecture, qui avait récompensé leur « capacité à être cosmopolites tout en respectant l’unicité de chaque lieu dans lequel elles travaillent. »
« Première œuvre », « Habitat », « culture, jeunesse et sport », « espaces publics et paysagers » et « lieux d'activités » : le palmarès complet
Catégorie Première Œuvre
Catégorie qui récompense le travail d’un architecte de moins de 35 ans au moment de la livraison, le Prix de la Première Œuvre est un bon indicateur des grands noms en devenir. Cette année, c’est l’agence « l’Atelier de l’Ourcq » qui décroche la distinction pour la réalisation de 6 logements participatifs à Romainville, en Seine-Saint-Denis. Une démarche qui, selon le Jury, « embrasse une série d’échelles et de questionnements sur la banlieue, le paysage, l’architecture, la géographique, le social et la densification », « une approche programmatique pertinente », « un résultat juste et généreux, simple mais pas pauvre ».

Architecte : Atelier de l’Ourcq – © CLEMENT GUILLAUME
Catégorie Habitat
Dans la catégorie habitat, c’est l’agence belge Bruther/Baukunst qui succède à Sophie Delhay, lauréate 2019, en livrant une résidence étudiante de 192 logements sociaux et parking réversible à Palaiseau (Essonne) dans laquelle les jurys ont trouvé un « travail rigoureux et sensible, d’une cohérence totale, sans aucun artifice ».

Résidence étudiante de 192 logements sociaux et parking réversible à Palaiseau (Essonne), Bruther/Baukunst – © MAXIME DELVAUX POUR BRUTHER
Catégorie Culture, Jeunesse et Sport
Le prix « culture, jeunesse et sport » est décerné au théâtre du Maillon à Strasbourg, conçu par l’agence LAN. Un édifice « neutre, sans orientation dans ses façades et qui affirme sa transparence par rapport à la ville, symbole d’un future ambitieux et culturel ».
Catégorie Espaces publics et paysagers
Enfin, Michel Desvigne Paysagiste et Inessa Hansch Architecte repartent avec la distinction « espaces publics et paysagers » grâce à la requalification du quai de Southampton au Havre. Une réalisation dans laquelle le jury a trouvé « une prise de position puissante par rapport à la dimension du paysage, sans aucun aménagement anecdotique ».

Requalification du quai de Southampton au Havre (Seine-Maritime), Michel Desvigne Paysagiste/IHA – © KAROLINA SAMBORSKA
Catégorie Lieux d’Activités
Dans la catégorie « Activités », c’est l’équipe constituée des architectes de l’agence nantaises Fouquet Architecture Urbanisme et l’agence LIN qui sont récompensés pour la réalisation d’un Pôle de cultures numériques à Nantes, dans une ancienne halle industrielle, pour « un résultat généreux et sans chichi » selon le jury.
Pôle de cultures numériques à Nantes (Loire-Atlantique), LIN architect urbanist/F.au – © David Boureau