BAM, Archidvisor, Archibien : les nouveaux sites de rencontres pour architectes
Elles sont les témoins de la digitalisation de la profession et promettent visibilité et nouveaux projets, les plateformes de mise en relation entre architectes et maitres d’œuvre pullulent. Quelles sont-elles ? Qu’en attendre ? Ooti fait le point !
A chaque fois la promesse est similaire : proposer une solution clé en main à un porteur de projet. Avec, les enjeux sont multiples : « en sensibilisant les futures maîtres d’ouvrage au travail des architectes, nous participons à la fabrication d’un substrat propice à la création architecturale » peut-on lire sur bam.archi.
Car c’est bien ici que réside l’enjeu numéro 1 de ces plateformes : élargir l’horizon des architectes à des porteurs de projet qui pensent souvent, à tort, que leur accompagnement est réservé à une élite.
Se faisant, le terrain de jeu de ces nouveaux acteurs se dessine autour d’une commande qui échappe trop régulièrement aux concepteurs : « les profils sont différents de la commande traditionnelle. Il y a un désir d’architecture, sans toujours cerner ce que cela implique » explique Antoine Prax, architecte de l’agence parisienne Gramme.
Ils s’appellent Archidvisor, BAM ou Archibien, pour ne citer qu’eux, et nous avons échangé avec eux.
A l’origine, c’est le réseau qui conduit l’architecte Simon Jézéquel à structurer ce que le bouche à oreille ne suffit plus à satisfaire : entre ses amis architectes à la recherche de projets, et ses connaissances maîtres d’ouvrage soucieuses d’être accompagnées dans leurs projets de construction, il y a une mise en relation à faire.
C’est comme ça que « La Palette » voit le jour, en Bretagne. Quelques années plus tard, la palette est devenue Archibien, Simon s’est associé à Olivier et ensemble ils ont installé la startup en région parisienne. « Nous avons constitué un vivier de plus de 500 agences, dont nous connaissons les particularités et les caractéristiques, que nous faisons matcher avec nos maîtres d’ouvrage » explique Olivier Ménard, également architecte de formation.
La différence est de taille : aux plateformes de référencement, avec peu de filtres et sans réel accompagnement, archibien oppose une mise en relation basée sur la connaissance du maitre d’ouvrage et des maitres d’œuvre potentiels.
Nous qualifions en amont la commande, sa faisabilité et la cohérence de son budget. C’est ce que nous proposons aux architectes : trouver le projet qui leur correspond.
Chaque fois, le déroulé est le même : une fois un projet validé, l’équipe archibien organise un mini concours entre 3 agences à l’issu duquel un lauréat est désigné. Un risque et du temps potentiellement perdu ? « Nous facturons le concours au maître d’ouvrage et payons tous les participants ! »
Pour vous référencer, rendez-vous sur la page suivante : https://app.archibien.com/inscription/archi/
« La concurrence entre les professionnels de la construction est de plus en plus rude, et cela implique une difficulté croissante à se démarquer » explique Adrien Martin, le fondateur d’Archidvisor.
Le constat est sans appel : les mutations du secteur et sa digitalisation modifient les relations entre concepteurs et porteurs de projets. Le jeune architecte diplômé fait alors le constat d’une inadaptation des agences aux nouveaux enjeux de mise en avant du savoir, et a une idée : offrir gratuitement de la visibilité pour encourager l’activité.
« Notre parti pris est de proposer des leads ultra qualifiés ». Comprendre : une commande en phase avec les spécificités de l’agence. « Si un architecte cherche uniquement des projets d’extensions, de plus de 150 000 euros, dans un rayon de 10 kilomètres autour de lui, nous sommes capables de ne lui proposer que cela ».
Une hyper segmentation à laquelle s’ajoute une palette d’outils comme un module de paiement en ligne, une gestion simplifiée des appels d’offre, ou l’automatisation de certaines tâches mise à disposition gratuitement.
« Ce package semble convaincre les architectes : nous avons plus de 2200 agences qui sont inscrites sur notre plateforme !
« Ce mode de fonctionnement nous permet d’affirmer qu’une agence aura davantage de visibilité grâce à un référencement sur Archidvisor que sur son propre site. »
Interrogé sur le coût pour les architectes, l’entrepreneur ne cache pas la formule : « c’est un échange gagnant-gagnant. L’inscription et le référencement sont totalement gratuits. C’est la contractualisation avec un maître d’ouvrage qui marque le démarrage d’une rémunération généralement située entre 7 et 9 % du montant total. » Des émoluments calqués sur une observation : « c’est la part imputée aux frais de communication en tout genre. »
Un positionnement que rejoint Mathias Boutier, fondateur de BAM : « le secret réside dans la qualification du projet ». Une promesse de visibilité et d’apport d’affaires que l’entrepreneur revendique chiffres à l’appui : « chaque année, nous gérons environ 3000 projets, de la rénovation d’appartements aux concours internationaux ».
Un vaste terrain de jeu qui permet à la Marketplace d’afficher de grands noms : « nous avons certains budgets conséquents comme la réalisation d’un hôtel en Martinique pour un budget de 50 millions d’euros, le chai viticole de la Maison Laffitte Rothschild pour une vingtaine de millions d’euros … » explique Mathias. Des projets sur lesquels se mettent en concurrence les quelques 6000 agences référencées sur la plateforme, majoritairement françaises, mais aussi européennes et américaines. « Nous capitalisons sur nos projets phares pour rayonner au-delà de l’Hexagone. »
Plus que la mise en relation, BAM propose aussi un accompagnement dans la durée que traduit le développement d’applications.
« Nous avons par exemple lancé Aglo, qui est une app destinée à tous les archis et qui permet de faciliter la phase DCE en accompagnant de la rédaction des CCTP. »
Une offre de service qui devrait bientôt s’étendre avec le déploiement d’« Aglo Carbone » destinée à accompagner la transition vers la RE2020.
« Ce module calculera l’empreinte des ACV et permettra aux architectes de faciliter le processus de certification RE2020 ». Une nouveauté qui devrait trouver facilement son public alors que se profile la nouvelle mouture de la réglementation écologique attendue pour janvier 2022 …