
Nouveaux matériaux de construction : Entre innovation et tradition !
Faire du neuf avec du vieux. C’est un adage qui semble particulièrement bien aller à la construction ces temps-ci. Confronté à une impérative transition écologique et énergétique, le secteur multiplie les idées nouvelles avec des matériaux qui ne le sont pas toujours. Loin s’en faut !
A l’autre bout du spectre, certains fabricants rivalisent d’ingéniosité et de R&D pour proposer des condensés de technologie au bilan carbone négatif.
Si parfois il ne sera question que d’inventions de niche, d’autres innovations pourraient bien faire durablement bouger les lignes et proposer aux concepteurs une alternative décarbonée.
Terre crue, bois transparent, béton cicatrisant & charbon bio : on vous présente 4 matériaux qui vont faire parler d’eux… !
La terre crue : l’innovation vernaculaire
Si on avait dit aux constructeurs, il y a quelques siècles, qu’ils manipulaient un matériau d’avenir, ils n’y auraient pas cru. Et pourtant, c’est bien le cas. Dans un contexte où le « tout-béton » trouve ses limites, le matériau ‘terre crue’ montre de nombreux atouts face aux crises actuelles.
Malheureusement, pas si simple de l’utiliser : les savoirs et compétences liés à sa manipulation ont disparu.
Résultat, lorsque l’on extrait des tonnes de terres, on ne sait qu’en faire. Pourtant la terre a des vertus….
Les réalisations en terre crue dans un bâtiment lui confèrent en général une inertie propice au déphasage thermique. Des qualités qui améliorent aussi le confort perçu, en jouant un rôle actif dans la régulation de la température et de l’hygrométrie (mesure du degré d’humidité de l’atmosphère).
Si elle résiste mal aux efforts de tractions, utilisée en pisé, elle fait un retour timide avec quelques réalisations avant-gardistes qui tentent de rendre à la terre ses lettres de noblesse. C’est le cas par exemple au cinéma de Colomiers, conçu par le collectif Encore Heureux. A Villepreux, dans les Yvelines, Paul-Emmanuel Loiret et Serge Joly, architectes, ont eu recours à la terre pour réaliser près de 500 m2 de murs., à partir de déblais de chantiers du nord de Paris. A Bagneux, l’agence TOA a utilisé des briques de terre extrudée, doublées à l’intérieur de ouate de cellulose pour le remplissage des murs.

Le bois transparent : feu verre sur l’empreinte carbone
Si l’utilisation du bois dans la construction ne saurait être une révolution, une équipe de l’Université de Maryland aux Etats-Unis a mis au point un traitement qui permet de le rendre transparent !
5 fois plus résistant et léger que le verre, plus efficace thermiquement, les caractéristiques de cette invention en font une alternative sérieuse aux plastiques et au verre.D’autant que sa fabrication est bien moins énergivore comparée au pétrole que contient le plastique ou aux températures extrêmes qu’impose la création du verre. Le bois transparent est produit à partir de sapin de Douglas, une espèce qui pousse particulièrement vite et qui atteint sa taille adulte en 5 ans.

« Le bois transparent est 5 fois plus résistant et léger que le verre et plus efficace thermiquement ! «
La matière première est traitée à température ambiante dans un bain oxydant, qui la blanchit de presque toute matière opaque. Le bois est ensuite pénétré avec un polymère synthétique appelé alcool polyvinylique (PVA), aboutissant à un matériau pratiquement transparent.
La cellulose naturelle de la structure du bois et la charge polymère absorbant l’énergie du bois transparent le rendent beaucoup plus durable et plus léger que le verre. Il peut résister à des impacts beaucoup plus importants que le verre conventionnel et, contrairement à ce dernier, il se plie ou se fend au lieu de se briser. Génial, n’est-ce pas ?
Le béton cicatrisant : les bactéries au chevet du béton
Les pathologies du béton sont bien connues et certains épisodes en rappellent la fragilité, a fortiori lorsqu’il est fissuré. Ce fut le cas notamment à Gênes lorsque le pont qui enjambe la ville céda sous la corrosion de sa structure. Alors que faire ? Se passer de ce matériau omniprésent ?
💡 Et si la solution résidait dans des bétons capables de s’auto-soigner ? L’idée parait assez fantaisiste mais c’est pourtant la piste que creusent de nombreux spécialistes. Et il semblerait bien que les premiers bétons cicatrisants soient en passe de voir le jour.

Le procédé repose sur l’invention d’une méthode innovante qui permet de réparer les fissures dans le béton à l’aide de bactéries. En effet, de petites capsules contenant des bactéries et des nutriments sont injectées au béton, et sous l’influence de l’humidité et de la lumière du soleil, ces polymères réagissent et comblent les éventuelles béances.
Certaines expérimentations conduites au Pays-Bas se sont déjà montrées fructueuses et le procédé permet de réparer des fissures allant jusqu’à 1 mm. Reste un obstacle, le prix : en l’état actuel des recherches, la systématisation de ce procédé entrainerait un doublement du prix du béton.
Vous reprendrez bien un peu d’inflation ?
Revêtement en charbon bio : l’aimant à carbone
Limiter considérablement le bilan carbone de sa fabrication est déjà une belle performance qui vaut à certains matériaux d’être placés en haut du classement des solutions d’avenir. Mais alors quand vous ajoutez à cela la capacité d’absorption du carbone présent dans l’atmosphère, cela tient du miracle.
Il porte un nom : le revêtement bio charbon. Réalisé à partir d’un bioplastique spécial non toxique à base de charbon vert issu de déchets forestiers et agricoles il est capable, une fois installé, de capturer le CO2 présent dans l’air.
A cela s’ajoute, si ce n’était pas assez, sa très grande stabilité qui fait qu’il ne relâche pas de carbone avec le temps. Voilà pour la théorie. Dans la pratique, il a été utilisé pour la première fois en 2021 en Allemagne afin de couvrir un centre de concessionnaires Audi. Verdict : le bardage a permis de stocker 14 tonnes de carbone.
Qui dit mieux ?

Je n’ai pas le temps de tout lire, vous me faites un petit résumé ?
- Les fabricants de matériaux rivalisent d’ingéniosité et de R&D pour proposer des matériaux toujours plus innovants !
- L’utilisation de la terre crue dans les bâtiments joue un rôle actif dans la régulation de la température et dans l’hygrométrie.
- Les caractéristiques du bois transparent permettent de le rendre 5 fois plus résistant et léger que le verre, et plus efficace thermiquement.
- Le béton cicatrisant est une solution capable de s’auto-soigner grâce aux bactéries et nutriments injectés dans le matériau.
- Le revêtement bio charbon une fois installé, capture le CO2 présent dans l’air !