8 Architectes qui font bouger les lignes
Ils sont à l’origine d’un projet particulièrement emblématique, ils ont été salués par un jury de professionnels, ils ont un regard différent sur la profession … Ces 8 architectes, que nous avons regroupé dans un article, sont incontestablement à suivre en 2021 !
Grand Huit Architecture, reconstruire l’humain en rénovant le bâti
Réemploi, économie sociale et solidaire, centre d’accueil, eco-restauration … L’architecture sera ici vertueuse ou ne sera pas. Chaque projet est l’opportunité de défricher un nouveau rapport à la conception, comme la Grange Montsouris, nichée dans le 14ème arrondissement parisien.
L’ancrage des architectes Julia Turpin et Clara Simay sur les rives du canal de l’Ourcq, dans le XIXe arrondissement de Paris, a favorisé leur implication dans des projets tels que la bagagerie du passage de Flandres ou la création de la Ferme du rail, projet lauréat en 2016 de la première édition de l’appel à projets urbains innovants, Réinventer Paris, et lauréat 2020 du « Prix du Projet Citoyen » organisé par l’Unsfa .
Ensemble, elles revendiquent une autre façon de faire la ville, résiliente et solidaire. L’agence livrera bientôt la restructuration du bâtiment de la Figueraie, à Versailles, et mène des études pour la transformation d’un bâtiment militaire à Senlis et le marché aux fleurs de la place de La Madeleine (Paris, VIIIe arr.).
Sophie Delhay, le logement comme point de départ
Il y a ceux qui se battent pour une architecture de qualité, ceux qui se battent pour la place des architectes dans le monde de la construction, et ceux qui pensent l’architecture de demain. Sophie Delhay est les 3 à la fois.
Passée spécialiste du logement à mesure de projets conduits aux quatre coins de l’Hexagone, l’architecte enchaine depuis 2 ans les distinctions : Grand Prix AMO 2019, Grand Prix du Congrès HLM 2019, Équerre d’Argent 2019, catégorie Habitat, Lauréat du Prix 10 +1 d’A et nominée au Prix Mies van der Rohe 2022.
A chaque fois, son approche est saluée : dans le logement, au cœur de programmes figés par les cahiers des charges, les normes et les ratios d’optimisation, elle parvient à surprendre en livrant des pièces à l’affectation indifférenciée, invitant l’habitant à « inventer son propre mode de vie », comme ce fût le cas pour les 40 logements livrés dans l’éco quartier Via Romana à Dijon, en Mai 2019.
BAST, une agence sans titre mais pas sans une solide réputation
Au cœur de la ville rose, BAST (Bureau Architectures Sans Titre) s’est fait un nom avec une série de projets modestes qui ont en commun leur écriture dépouillée et sans fard. Si l’efficience de cette architecture aux accents brutalistes est dans l’air du temps, elle résulte d’abord d’une méthodologie de travail collective horizontale, et l’esthétique qu’elle produit se veut uniquement déterminée par la rigueur des processus mis en place.
Sortis de l’anonymat en 2017 en remportant le premier Prix de l’architecture Occitanie, Laurent Didier, Mathieu Le Ny et Louis Léger, se démarquent par une exécution extrêmement précise et des choix de conception qui font naitre des œuvres remarquables dans des budgets limités. C’est le cas par exemple lorsqu’ils livrent le réfectoire scolaire de Montbrun-Bocage, petite commune de Haute-Garonne ou la rénovation / extension d’une petite maison toulousaine.
Aujourd’hui 5 au sein d’une SCOP où « tout le monde fait le même boulot », ils font de l’association un projet en soit, et composent des duos en fonction des projets en s’assurant toujours que les collaborations internes ne sont jamais figées.
Franklin Azzi, un touche-à-tout au talent fou
Les bureaux du promoteur américain Hines à La Défense près de Paris ? C’est lui. Les anciennes halles Alstom transformées en école d’arts à Nantes ? Encore lui. La réhabilitation de la tour Montparnasse au cœur du 14e arrondissement parisien ? L’agence qu’il a fondée la Nouvelle AOM (Franklin Azzi Architecture, Chartier Dalix, Hardel Le Bihan)…. À 42 ans, Franklin Azzi est incontestablement une étoile montante de l’architecture française.
Touche à tout, il navigue entre les spécialités dans une agence qu’il a dimensionné pour : d’un côté l’architecture, de l’autre le design et l’architecture intérieur. Ses locaux parisiens de la rue d’Uzès sont la parfaite vitrine de cette curiosité, régulièrement transformés afin d’accueillir des expositions temporaires.
L’architecte enchaine en ce moment les projets : après la livraison d’un kiosque de restauration rapide en aluminium, bois et verre, hommage à Jean Prouvé, situé au pied de la Tour Eiffel, le mois de Juin s’ouvre sur une exposition dont le commissariat est assuré par Domitille d’Orgeval appelée « Horizons ».

Copyright: Franklin Azzi ARCHITECTURE
Sou Fujimoto, l’architecte qui a osé l’arbre blanc
Est-ce une folie ? La question s’est posée en unes de certains journaux lorsque Sou Fujimoto, architecte japonais ayant jeté son dévolu sur la France, a livré cet immeuble d’habitation d’un genre nouveau à Montpellier. Avec ses « feuilles » qui s’ouvrent vers l’extérieur, les balcons généreux sont la réponse apportée à la recherche de solutions environnementales les plus adaptées à « l’écologie du Sud ».
Et puis, il a dessiné le « village vertical » à Rosny-sous-Bois. Toujours accompagné de Dimitri Roussel et de Nicolas Laisné qui étaient déjà présents lors de l’aventure montpelliéraine, le trio signe un mastodonte d’une légèreté folle, un colosse de 50 mètres de haut scindés en 2 bâtiments, dans lesquels vivra une programmation mixte entre logements, restaurants, salles de sports etc.
Pour achever les indécis sur son sort, Sou Foujimoto a enfin proposé « Mille Arbres » par lequel il souhaite réinventer la Porte Maillot en y posant un village enfoui dans une forêt artificielle.
2Portzamparc, toujours. Et encore.
On pourrait commencer par les distinctions. Mais du Pritzker Price qu’il est le premier français à rafler, au Praemium Imperiale, en passant par l’Équerre d’argent qu’il décroche 2 fois, Christian de Portzamparc ce sont près de 50 années de distinctions.
Alors on pourrait commencer par les réalisations les plus illustres. 2Portzamparc, l’agence éponyme, c’est la Philharmonie de Luxembourg, le Musée Hergé, la Cidade Das Artes de Rio de Janeiro, des tours à New-York, des tours à la Défense …
Plus récemment, son agence continue d’occuper un terrain varié, avec la conception du Heffen City Project à Hambourg, les Tours Sisters à la Défense, ou encore le splendide Centre Culturel de Suzhou, en Chine, dont l’aile du côté nord intègre un opéra de 1 600 places, un opéra chinois (salle modulable de 600 places), un conservatoire de musique, un cinéma à 360 degrés. Côté sud prennent place deux musées, un centre d’exposition, un centre de conférences, des cafés, restaurants, cinémas, et galeries commerciales sur une surface totale de 202 000 m².
Nicolas Laisné, l’architecture transdisciplinaire
Membre de la délégation française chargée de faire rayonner l’architecture hexagonale à la Biennale de Venise, Nicolas Laisné a une actualité chargée. Avec sa « One Open Tower », une sculpture de 5 mètres de haut synthétisant le « Manifeste du studio français », son agence éponyme s’affiche à la Corderie de l’Arsenal.
Il y a aussi le récent concours gagné avec Leclercq et Blanchet pour un bâtiment géant à Palerme, capitale de la région italienne de Sicile. Avec, les architectes français signent « le plus grand ouvrage public » jamais construit en Italie : 120 000 m2 et un point culminant à 180 mètres de haut.
Toujours en quête d’une architecture qu’il qualifie lui-même « d’augmentée », Nicolas Laisné et son agence comptent à leur actif un nombre certain de réalisations particulièrement remarquées, comme l’Arbre Blanc, ANIS, un immeuble de bureaux nouvelle génération à Nice, Arboretum, un campus de bureaux en bois à Nanterre ou encore Huningue, un programme mixte d’une grande finesse dans l’agglomération suisse de Bâle.
Convaincu que l’architecture doit-être décloisonnée, il s’entoure sur chacun de ses projets de philosophes, d’agronomes, de botanistes, d’artistes ou encore de data scientists.
Avec Dimitri Roussel, l’architecture se rêve
DREAM. Avec un tel nom d’agence, les ambitions sont placées très hautes d’entrée de jeu. Et effectivement, avec Dimitri Roussel, dont la mention était obligatoire après avoir évoqué Sou Foujimoto et Nicolas Laisné, l’architecture se pare de ses plus beaux atours.
Sur chacune de ses réalisations, le dessin s’affirme en façade de projets d’une grande variété. L’agence, fondée en 2018, ne se fixe aucune limite et joue avec les échelles, du terrain de foot commandé par Nike à Bondy (93) au plus grand campus de bureaux en structure bois du monde (Arboretum à Nanterre).
Dream travaille actuellement sur la livraison d’une réalisation en bois programmée dans le cadre des Jeux Olympiques 2024, disposant d’un terrain de basket à son dernier étage.